mercredi 18 mars 2009

Sans tombes

Pas un coup de fusil dans le brouillard épais
Il faisait froid j'ai fait ce rêve de marcher
Et j'ai franchi sans bruit le mur des parapets
Devant l'immense champ où les morts sont couchés

Je n'ai jamais eu peur des morts, mais j'ai tremblé
en voyant leurs squelettes aux yeux profonds crevés
Ils étaient là couchés, tels des épis de blé
Depuis des mois sans qu'on vienne les relever.

O sinistre vision dans un affreux décor
Des trous d'obus remplis d'eau des fusils brisés
Des bras coupés, des pieds, des crânes et des corps
Effrayants, enlacés dans un mortel baiser

Et tels ils sont tombés, tels ils seront restés
les morts blafards sous les boueux éclats de fer
Et tour à tour brûlés par les soleils d'été
Glacés blêmis, enfouis sous les neiges d'hiver

O pauvres corps laissés sans sépulchre et sans tombe
J'ai frémi près de vous qui n'aviez rien d'humain
Et si je dois mourir, s'il faut que je succombe,
Que l'on m'enterre au moins sur le bord du chemin

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