dimanche 29 mars 2009

Attaque

Le bruit sourd d'un départ, le sifflement lointain
Et sur nos nerfs tendus et sur nos fronts courbés
Un volcan qui s'allume et brusquement s'éteint
Dans un panache noir voilà l'obus tombé

Comme un aigle durant des heures semble-t-il
La mort va tournoyer sur nos coeurs angoissés
Le désespoir est vain le courage inutile
Et l'on voudrait pouvoir vivre sans y penser

Aprement dans nos chairs la mort sinistre fauche
Puis plus rien plus un mot plus un cri dans le vent
Le silence fait peur. On frémit, on est gauche
D'avoir senti la mort et d'être encore vivant

De la nuit sur nos fronts pleut un silence épais
C'est fini sommes nous vivants sommes nous morts
On s'accoude en tremblant au bord des parapets
Le coeur bat on l'entend, mais on en doute encore

Ce silence soudain après l'ivre clameur
Et le fracas s'abat d'un seul coup tout se tait
Plus rien que le sanglot d'un blessé qui se meurt
Dans le soir indistinct où la foudre éclatait

On dirait que la mort est lasse et se repose
Le soir comme autrefois Brumeux simple touchant
Met une âme attristée au coeur profond des choses
Et la paix de la nuit retombe sur les champs.

O mon coeur il se fait tard tu voudrais rêver
Et tu renais avec toute l'âme grisée
Du grand bonheur perdu que tu as retrouvé
Tandis que ciel de nuit s'allument les fusées

O douceur puis un cri, aux armes ils sont là
Ils sont venus glissants ils sont venus rampants
Tenant entre leurs dents de larges coutelas
Aux armes ils sont là aux armes bondissants

Nous prenons nos fusils, nous armons nos grenades
Baillonnette au canon et tirez coup par coup
Ils ne passeront pas aux armes camarades
Puis l'ouragan reprend et tous dressés debout

Nous clamons forcenés un air de nos voix fauves
Tels de grands bûcherons rougis par les éclairs
Feu à répétition les lâches ils se sauvent
Une odeur de sang chaud et de poudre est dans l'air

Je me suis retourné il venait du renfort
Brandissant leur fusilet chantant comme nous
Nous nous sommes comptés, il y avait des morts
Et notre chant s'est tu. O calme du ciel d'août

Nous avons dit c'est fou aujourd'hui d'espérer
Voici le dernier jour que nous aurons à vivre
La vie est un roman refermons en le livre
Calmes et maintenant nous voudrions pleurer

Lorsque l'on fait tout bas ses adieux au passé
Qu'au fond de notre coeur le rêve s'est éteint
Que les noms les plus chers en nous sont effacés
Qu'importe de mourir puisque c'est le destin

Un délire de joie monte nos yeux sont ivres
Le sang de nouveau coule en nos torses et bat
Dans nos fronts on connaît l'âpre douceur de vivre
Pour avoir la mort en voisin de combat.

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