tag:blogger.com,1999:blog-36341010698801745672024-03-12T19:44:32.129-07:00Pierre MénétrierPoèmes de Pierre Ménétrier écrits pendant la guerre de 14-18 et mis en ligne par son petit-fils Pierre MoinePierre Moinehttp://www.blogger.com/profile/16617325774108368096noreply@blogger.comBlogger31125tag:blogger.com,1999:blog-3634101069880174567.post-71902605222511139992020-08-16T08:19:00.003-07:002020-08-16T08:19:34.088-07:00<p> Départ</p><p>J'ai rêvé d'un départ sans but à l'aventure</p><p>Vers des climats plus doux, vers des hommes meilleurs</p><p>J'aurais voulu partir pour aller voir ailleurs</p><p>D'autres maisons, d'autres chemins, d'autres natures</p><p> </p><p>M'enfuir vers l'horizon, bouger, changer de place</p><p>M'émerveiller chaque soir sous un ciel inconnu</p><p>Mais je suis resté seul, si faible, sans l'audace</p><p>Et le jour de partir, lui, n'est jamais venu.</p><p> </p><p>Autrefois, j'écoutais, sur la vieille cité</p><p>Quelque monstre rugir en déchirant l'espace</p><p>Je rêvais d'infini et je n'ai rien quitté.</p><p> </p><p>Mais maintenant la nuit quand le sommeil s'achève</p><p>J'entends au loin encore siffler un train qui part</p><p>Je me souviens, hélas, et mon front se soulève</p><p>Je voudrais m'en aller je sais qu'il est trop tard <br /></p>Pierre Moinehttp://www.blogger.com/profile/16617325774108368096noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3634101069880174567.post-39607933894845729402013-11-21T12:16:00.002-08:002014-03-09T00:13:25.406-08:00100 ans après<br />
Photographe et poète, Pierre Ménétrier, soldat de seconde classe,
socialiste et pacifiste. Il témoigne de la souffrance des jeunes gens de
20 ans, des moments d'espoir, d'enthousiasme parfois, de révolte aussi,
par ses poèmes écrits dans les tranchées de la première guerre
mondiale.<br />
<br />
J'ai fait un livre à partir de ces poèmes, et aussi de son journal qu'il m'a dédié.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://books.google.fr/books?id=7mJvAgAAQBAJ&lpg=PA1&dq=9782954749501&hl=fr&pg=PA7#v=onepage&q&f=false" target="_blank"><img alt="Rêves et Souvenirs, poésies" border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjVakXWGzNxy2JjS3w9ctbkM-3MyB7eCUAuLLOisLfyfdX1_rp3Jl2dwpXqX2KANtpqQSgEoPxo_4pT7PB7yprbTksNrvTK6U_efj3JPPKxFsI6ofPfz99V9Z6MQAtrGwn5s_04Ri8ciI0/s640/couverture1.jpg" height="640" width="424" /></a></div>
<br />
<div class="" style="clear: both; text-align: left;">
Vous pouvez obtenir une version brochée sur papier, au prix de 16€, en cliquant sur le lien ci-dessous.</div>
<a href="http://www.thebookedition.com/stats_banniere.php?action=clic&id=104762"><img alt="Le livre Rêves et souvenirs, poésies" border="0" src="http://www.thebookedition.com/images/bannieres/banniere-v-104762.jpeg" height="400" width="400" /></a><br />
<br />
<img src="http://www.thebookedition.com/stats_banniere.php?action=affichage&id=104762" height="0" width="0" /><br />
<a href="http://books.google.fr/books?id=7mJvAgAAQBAJ&lpg=PA1&dq=9782954749501&hl=fr&pg=PA7#v=onepage&q&f=false" target="_blank"><b>Aperçu du livre dans Google Books</b></a><br />
<br />
Ou bien la version ebook:<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
<a href="http://www.amazon.fr/dp/B00GP9ZWOE" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;" target="_blank"><img alt="Rêves et Souvenirs, poésies" border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjf26M-xcaLTllHrRYlXeLfpM5MWXaQTNeN7iSbGZFx98GUu4CdW70Gx_BxiB-3OPuqy-I8HathzatTq_d6iYDUwF4PBdEXecz4Qzd3w3-4LGyWzPiNO7ckY1cFEGFOWie60kIpfYGnPw0/s200/ref=amb_link_364575002_1.png" height="125" width="200" /></a></div>
<a href="http://www.amazon.fr/dp/B00GP9ZWOE" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;" target="_blank"><img alt="Rêves et Souvenirs, poésies" border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjaCEhW8-KQ2N9PpfNUMWRoeX2CcyQdb5Mu9TddHTknmUFYPW8nv-YnegnUPNkg8UWxJbz1aNGfTu6DxmM85cZXj7fKge87OLo-bGOuBQGsyU5fqan2UAWrMmSMDbOiSUYqvzQ3osTDYaE/s200/scr2555-proj697-a-kindle-logo-rgb-lg.jpg" height="53" width="200" /></a>Pierre Moinehttp://www.blogger.com/profile/16617325774108368096noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-3634101069880174567.post-45980823709345963812009-04-13T01:53:00.001-07:002013-11-29T06:27:08.961-08:00Vous qui lisez<br />
O' ne critiquez pas mes vers<br />
Ne dites rien, très simplement<br />
J'ai consigné le fait divers<br />
Comme la pensée du moment<br />
<br />
Je n'ai rien cherché d'inédit<br />
Et n'ai pas même pris la peine<br />
De parfaire des phrases vaines<br />
J'écris les mots comme on les dit<br />
<br />
Que d'autres s'ils en ont le temps<br />
Fassent des contes et s'en amusent<br />
A chansonner sur le printemps<br />
<br />
Petit chasseur je n'écris moi<br />
Que pour chasser l'ennui des mois<br />
Je suis un poète sans musePierre Moinehttp://www.blogger.com/profile/16617325774108368096noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3634101069880174567.post-90542576743264109332009-04-13T01:45:00.001-07:002009-04-13T01:45:29.118-07:00Sur la routeQuand la route semble trop dure<br />Et que le sac n'est pas léger<br />Lorsque parfois le temps me dure<br />Que je suis las j'aime à songer<br /><br />Et je fais, pour moi seul, des vers<br />Que je corrige dans ma tête<br />Et j'oublie les jours d'hiver<br />Et que la pose n'est pas faite<br /><br />Chansons qui n'ont rien du poème<br />Je me berce de leurs musiques<br />Je les murmure et je les aime<br /><br />Avec leur air mélancolique<br />D'être toujours inachevés<br />Ce sont des vers que j'ai rêvésPierre Moinehttp://www.blogger.com/profile/16617325774108368096noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3634101069880174567.post-12708502905907563952009-04-12T11:17:00.000-07:002013-11-21T11:24:23.499-08:00<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEilcQTvgaG6VDCT0IuUcxcWYIVjx5eunU3_0QH_9FP63XxgDi68MAt9gpp8kmxUqUpeuZ8BrHch5HMybjC8excOLPauCjorqsgAGV0lgBOZCmL0tjDkBlHHYzBHkqC5NcK7R0PBd99wAZ0/s1600/Poemes-papi-2.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEilcQTvgaG6VDCT0IuUcxcWYIVjx5eunU3_0QH_9FP63XxgDi68MAt9gpp8kmxUqUpeuZ8BrHch5HMybjC8excOLPauCjorqsgAGV0lgBOZCmL0tjDkBlHHYzBHkqC5NcK7R0PBd99wAZ0/s1600/Poemes-papi-2.jpg" /></a></div>
<br />Pierre Moinehttp://www.blogger.com/profile/16617325774108368096noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3634101069880174567.post-27258825981211992282009-04-12T01:38:00.000-07:002009-04-14T02:00:00.289-07:00Juillet 1914On disait aurons nous cette fois ci la guerre<br />En lisant le journal, et le soir les dépêches<br />Et l'air bruyant sentait alors la poudre sèche<br />On en parlait beaucoup, tout en y croyant guère<br /><br />Mais par un soir d'été sur nos fronts endormis<br />Sonna dans la caserne, un diane en sursaut<br />L'adjudant nous cria nous partons, mes amis<br />Notre main frémissait en formant les faisceaux<br /><br />Et peut être d'orgueil peut être de souffrance<br />Notre cœur a battu, comme une feuille tremble<br />Tout le peuple clamait vers nous "Vive la France"<br />Et nous avons chanté la Marseillaise ensemble<br /><br />Notre rêve semblait un aigle mis en cage<br />Qui frappait de son aile en nos cœurs frémissants<br />C'était le premier mot, et la première page<br />Du livre qu'on devait écrire avec du sang<br /><br />Puis sur notre âme triste et notre front lassé<br />Toute la nuit tomba morne comme un linceul<br />Et devant le bonheur perdu, les jours passés<br />Nous nous sommes sentis bien petits et bien seuls.Pierre Moinehttp://www.blogger.com/profile/16617325774108368096noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3634101069880174567.post-26704563004651288662009-04-11T08:14:00.000-07:002009-04-15T02:14:44.027-07:00TrophéesDes souvenirs, des souvenirs, regardez en voici<br />Notre musette est pleine et notre cœur aussi<br /><br />Les uns ont rapporté des casques des grenades<br />Des aigles, des fusils, ou des éclats d'obus<br />Comme un bouquet cueilli dans une promenade<br />D'autres non rien gardé, d'autres n'ont rien voulu<br /><br />Et d'autres n'ont rien pris je serai de ceux là<br />Pas même un souvenir pour les années futures<br />Que le corps simplement douloureux des blessures,<br />L'âme sanglante et le front vide et les yeux las.<br /><br />Mais quand ils parleront plus tard des jours passés<br />Un soir d'hiver que l'on aura fermé la porte<br />Ils diront aux enfants voyez j'ai tout laissé<br />Mais mon cœur plein de souvenirs, je vous l'apportePierre Moinehttp://www.blogger.com/profile/16617325774108368096noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3634101069880174567.post-88189469565895942232009-04-10T02:02:00.000-07:002009-04-27T09:22:40.913-07:00MorhangeNous avancions de grands espoirs gonflaient nos cœurs<br />Nous avions arraché les poteaux des frontières<br />O qu'on était joyeux de se croire vainqueurs<br />Quels rêves insensés dans nos âmes altières!<br /><br />Marsalles nous a vus marchant comme à la fête<br />Et le pas cadencé, les drapeaux frémissants<br />Le régiment tambour battant, musique en tête<br />Nous recevions les fleurs que jetaient les passants<br /><br />Et dans les blés fauchés rouges coquelicots<br />Nous courions en chantant la vieille Marseillaise<br />On entendait au loin nous répondre l'écho<br />Comme s'il comprenait notre chanson française<br /><br />Les villages semblaient s'écarter devant nous<br />Et nous allions en bonds, délirants, emportés<br />Et nul ne résistait, mais hélas, un soir d'août<br />Le régiment au bord d'un bois s'est arrêté.<br /><br />Ah c'était autrefois, il y a bien longtemps<br />Et l'on avait alors des horizons plus larges<br />Quand dans les clairs matins, debout, le cœur battant<br />Nous écoutions, au vent d'été, sonner la charge<br /><br />Je me souviens de jours lointains inoubliés<br />Où nous n'avions alors ni croix ni fourragères<br />Rien que l'immense ivresse en marquant nos souliers<br />De fouler pas à pas une terre étrangère<br /><br />Marsalles puis Morhange, la marche, la bataille<br />En tirailleurs ainsi qu'on nous avait appris<br />Nous passions en chantant sur leur faux de mitraille<br />Nous avons reculé, mais sans avoir compris<br /><br />Et nous chantions encore, au soir de la déroute<br />Epuisés et blêmis, tremblant sur nos genoux<br />Et nous disions aux gens éplorés sur la route<br />Nous reviendrons un jour restez attendez nous.<br /><br />Et les jours sont passés les mois et les années<br />Nul matin n'est encor levé sur l'inconnu<br />La vieille terre attend, là-bas, abandonnée<br />Le régiment français qui n'est pas revenu.Pierre Moinehttp://www.blogger.com/profile/16617325774108368096noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3634101069880174567.post-19471559997261925112009-04-09T02:38:00.000-07:002009-04-16T02:39:14.079-07:00CauchemarsCes grands noms de bataille et ces noms de victoire<br />Et toute l'hécatombe immense des humains<br />Est ce donc vraiment une page d'histoire<br />Au livre que nos fils auront entre les mains<br /><br />N'est ce donc pas plutôt dans nos fronts insensés<br />Fantômes qu'un rayon, des aurores effacent<br />Le songe qui s'en va, vite rien qu'à passer<br />Très doucement des mains fraîches sur notre face<br /><br />Il semble par instant que l'on rêve ou qu'on joue<br />Et que la nuit, les morts et les cris angoissants<br />L'ennemi qui là bas, vous tient peut être en joue<br />Ce n'est qu'un cauchemar qui se rougit de sang<br /><br />Et que le jour venu, soudain tout va renaître<br />Et que nous trouverons aux places des tombeaux<br />En ouvrant largement demain notre fenêtre<br />La campagne tranquille et le ciel toujours beauPierre Moinehttp://www.blogger.com/profile/16617325774108368096noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3634101069880174567.post-29637212564243413212009-04-08T02:37:00.000-07:002009-04-16T02:40:44.090-07:00La GuerreC'était pour nous la Guerre, une vaste épopée<br />Telle qu'on l'apprenait dans nos livres d'enfant<br />Quelques sombres romans, de capes ou d'épée<br />Dont on sortait blessé parfois, mais triomphant<br /><br />C'était quelque récit superbe de l'histoire<br />Flamboyant d'héroïsme et d'exploits merveilleux<br />Et tous ces noms de Guerre et ces noms de Victoire<br />Exaltaient en nos cœurs la gloire des aïeux<br /><br />Et c'était emportés, tourbillonnants et larges<br />Le frisson des drapeaux qui frémissants battaient<br />Et c'était les clairons ivres sonnant la charge<br />Dans un dernier assaut effroyable et c'était<br /><br />Tant de rêves écrits dans les pages du livre<br />Que nous sentions en nous nos cœurs battre plus fort<br />Et que nous chancelions tremblants comme un homme ivre<br />Devant cette beauté sublime et cette mort.<br /><br />Et nous avons vécu et nous avons passé<br />Dans nos rêves éteints de longs jours monotones<br />Accroupis et courbés dans l'ombre des fossés<br />Parmi le sang des morts, sous le ciel gris d'automne<br /><br />O comme ils sont donc loin nos rêves de naguère<br />Peut être serons nous des victimes sans nom<br />Tombés sous une balle, au bruit sourd du canon<br />Sans gloire sans honneur, par un matin de GuerrePierre Moinehttp://www.blogger.com/profile/16617325774108368096noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3634101069880174567.post-19721389532926824532009-04-07T06:02:00.000-07:002009-04-27T09:21:13.459-07:00PaysageDes arbres nus déchiquetés<br />C'était peut être quelque route<br />Des amoureux ont dû sans doute<br />S'y attarder un soir d'été<br /><br />De lourds chariots remplis de bois<br />De foin coupé de blé fauché<br />Ont creusé l'ornière autrefois<br />Sous le fouet cinglant du cocher<br /><br />Mais désormais on ne voit plus<br />Par l'antique chemin sans but<br />Que des balles et des obus<br />Et de la boue quand il a plu.Pierre Moinehttp://www.blogger.com/profile/16617325774108368096noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3634101069880174567.post-64346897718783935632009-04-06T07:14:00.000-07:002009-04-17T07:16:07.627-07:00Le Pays de la mortJ'avais souvent rêvé à des pays semblables<br />Où rien n'existe plus d'un monde dévasté<br />Les villes d'autrefois sont des monceaux de sable<br />Sous l'éternel hiver et l'éternel été<br /><br />Ce qu'un rêve pouvait deviner d'insensé<br />N'est pas un rêve. O vous qui n'avez rien connu<br />Demandez donc un jour au plus humble blessé<br />Parle moi du pays dont tu es revenu.<br /><br />C'est le pays où tout est mort<br />Même les bois, même les champs<br />Et notre pied foule en marchant<br />Les villages d'hier encore.<br /><br />Et puis quoi donc- Et puis des trous et des fossés<br />Où l'eau croupit sans nom toutes les pourritures<br />Et parfois dans un cri que jette la nature<br />Un grand arbre meurtri tendant ses bras cassés<br /><br />La mort qui couvre tout a pourtant oublié<br />Le seul être debout presque encore vivant<br />Et l'on entend la nuit, gémir sous le grand vent<br />Les rameaux décharnés du dernier peuplier.Pierre Moinehttp://www.blogger.com/profile/16617325774108368096noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3634101069880174567.post-78852742406732023852009-04-05T02:30:00.000-07:002009-04-23T02:35:00.564-07:00TranchéesOn se regarde l'on se vise l'on se tue<br />On a creusé des trous pour se mettre à l'abri<br />Et dans la plaine grise où la terre est battue<br />Les villages ne sont que de fumants débris<br /><br />Il pleut depuis trois jours et sur notre capote<br />La boue gicle et s'étale et se tache de sang<br />La vase sous nos pieds glaciale clapote<br />Il faut qu'on reste là et terrible angoissant<br /><br />Le combat sans répis dure depuis des mois<br />On prend une tranchée on fortifie un bois<br />Et les pieds dans la boue étendus près des morts<br /><br />Tandis que dans la nuit l'obus sinistre passe<br />Et que des incendies ensanglantent l'espace<br />Accablés et tremblants sans espoir on s'endort.Pierre Moinehttp://www.blogger.com/profile/16617325774108368096noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3634101069880174567.post-16832109285158397672009-04-04T02:34:00.000-07:002009-04-27T09:20:26.458-07:00TravailNous travaillons dans les nuits sombres<br />A nous creuser des parapets<br />Et nous faisons sans bruit dans l'ombre<br />Des trous profonds, des murs épais<br /><br />Nous travaillons, jamais lassés<br />A nous construire des fortins<br />Pour nous pouvoir enfin dresser<br />Quand surgira le grand matin<br /><br />Couverts de boue tachés de sang<br />Nous entrerons dans notre histoire<br />Nous sommes fiers en y pensant<br /><br />Nos pics lancés sonnent plus fort<br />Et tous raidis dans un effort<br />Nous préparons d'autres victoires.Pierre Moinehttp://www.blogger.com/profile/16617325774108368096noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3634101069880174567.post-9599452226279965402009-04-03T09:07:00.000-07:002009-04-27T09:18:50.009-07:00Dans l'ombreJ'ai creusé tout le jour pour me mettre à l'abri<br />Dans l'amoncellement de monstrueux débris<br />Fusils brisés sacs entrouverts<br />J'ai creusé tout le jour pour me mettre à couvert<br /><br />Notre consigne était activer et se taire<br />Aussi sans dire un mot je rejetais la terre<br />Lèvres closes tête penchée<br />D'un seul coup par delà le créneau des tranchéesPierre Moinehttp://www.blogger.com/profile/16617325774108368096noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3634101069880174567.post-12842874383285436682009-04-02T09:18:00.000-07:002009-04-27T09:19:03.673-07:00CorvéesLa troisième section ce soir devra fournir<br />Et transporter deux cent sacs à terre au point B<br />C'est écrit, on a lu, et les mots sont tombés<br />Tristes sur nous j'aurais pourtant voulu dormir<br /><br />Et voilà notre nuit qu'on vient de nous gâcher<br />J'écrivais une lettre à quoi bon la finir<br />Il faut aller, il faut courir, il faut chercher<br />C'est un ordre j'aurais pourtant voulu dormir<br /><br />Ô passer dans la boue épaisse, s'égarer<br />Franchir des parapets, sous les balles voilà<br />J'ai vu des hommes forts souvent prêts à pleurer<br />Parce qu'ils avaient froid et qu'ils se sentaient las<br /><br />Et toute notre nuit ainsi va se passer<br />A patauger au fond de boyaux inconnus<br />Demain un nouvel ordre hélas sera venu<br />Et le travail fini devra recommencer.Pierre Moinehttp://www.blogger.com/profile/16617325774108368096noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3634101069880174567.post-24829120458974578162009-04-01T11:40:00.000-07:002009-04-30T14:20:11.815-07:00Voici le jourVoici le jour, nous éveillons<br />Les poilus qui dorment lassés<br />Portant ses plats, ses bouteillons<br />L'homme de troupe va passer<br /><br />Il va venir sous le ciel gris<br />Avec des boules sur le dos<br />L'homme de soupe qui sourit<br />En avançant sous son fardeau<br /><br />Il emplit gamelles gamelles et quarts<br />Donne des lettres, des colis<br />On s'assied pour manger on lit<br />Et l'homme de soupe repart<br /><br />On boit la gnole par principe<br />ça vous réchauffe en vous levant<br />Et puis on allume sa pipe<br />Dans une main à l'abri du vent<br /><br />Et quand sont vides les gamelles<br />Et que les pipes sont fumées<br />On bat tristement la semelle<br />Ou l'on écrit à son aimée<br /><br />On se raconte en parlant bas<br />Des choses qui sont arrivées<br />Des jours passés, d'anciens combats<br />Ou des bonheurs qu'on a rêvés<br /><br />On dit que faisais tu naguère<br />Ou vivais tu en d'autres temps<br />Et l'on repond en écoutant<br />Faut pas s'en faire. C'est la guerre.Pierre Moinehttp://www.blogger.com/profile/16617325774108368096noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3634101069880174567.post-15414702736001132722009-03-31T14:12:00.000-07:002009-04-30T14:17:30.624-07:00Ecrit à CalonneJe ne vois d'où je suis en soulevant les yeux<br />Qu'un même bout de haie un même coin de cieux<br />Qui s'emplit par instant du fracas des mitrailles<br />Rien d'autre que l'azur et que ces deux murailles<br />Que je pourrais toucher en écartant les poings<br />L'ennemi est tout près, mais je ne le vois point<br />Et ce n'est devant moi que la terre battue<br /><br />....<br /><br />L'on ignore d'où vient la balle qui vous tuePierre Moinehttp://www.blogger.com/profile/16617325774108368096noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3634101069880174567.post-47832682865702690262009-03-30T03:12:00.000-07:002009-05-03T03:17:45.234-07:00SouchezC'est la vallée de la mort<br />Le crépuscule s'assombrit<br />Comme un combattant qui s'endort<br />Parmi de monstrueux débris<br /><br />La nuit tombe fantomatique<br />Sur les villages écroulés<br />On croirait une ville antique<br />Où le tonnerre aurait roulé<br /><br />Et le soleil bas s'est couché<br />Derrière les pignons noircis<br />On s'est souvent battu ici<br /><br />ET l'on voit des formes dans l'ombre<br />Des squelettes dans les décombres<br />Ce sont les ruines de SouchezPierre Moinehttp://www.blogger.com/profile/16617325774108368096noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3634101069880174567.post-14206601350138928652009-03-29T11:07:00.000-07:002013-11-21T11:38:08.791-08:00AttaqueLe bruit sourd d'un départ, le sifflement lointain<br />
Et sur nos nerfs tendus et sur nos fronts courbés<br />
Un volcan qui s'allume et brusquement s'éteint<br />
Dans un panache noir voilà l'obus tombé<br />
<br />
Comme un aigle durant des heures semble-t-il<br />
La mort va tournoyer sur nos coeurs angoissés<br />
Le désespoir est vain le courage inutile<br />
Et l'on voudrait pouvoir vivre sans y penser<br />
<br />
Aprement dans nos chairs la mort sinistre fauche<br />
Puis plus rien plus un mot plus un cri dans le vent<br />
Le silence fait peur. On frémit, on est gauche<br />
D'avoir senti la mort et d'être encore vivant<br />
<br />
De la nuit sur nos fronts pleut un silence épais<br />
C'est fini sommes nous vivants sommes nous morts<br />
On s'accoude en tremblant au bord des parapets<br />
Le coeur bat on l'entend, mais on en doute encore<br />
<br />
Ce silence soudain après l'ivre clameur<br />
Et le fracas s'abat d'un seul coup tout se tait<br />
Plus rien que le sanglot d'un blessé qui se meurt<br />
Dans le soir indistinct où la foudre éclatait<br />
<br />
On dirait que la mort est lasse et se repose<br />
Le soir comme autrefois Brumeux simple touchant<br />
Met une âme attristée au coeur profond des choses<br />
Et la paix de la nuit retombe sur les champs.<br />
<br />
O mon coeur il se fait tard tu voudrais rêver<br />
Et tu renais avec toute l'âme grisée<br />
Du grand bonheur perdu que tu as retrouvé<br />
Tandis que ciel de nuit s'allument les fusées<br />
<br />
O douceur puis un cri, aux armes ils sont là<br />
Ils sont venus glissants ils sont venus rampants<br />
Tenant entre leurs dents de larges coutelas<br />
Aux armes ils sont là aux armes bondissants<br />
<br />
Nous prenons nos fusils, nous armons nos grenades<br />
Baillonnette au canon et tirez coup par coup<br />
Ils ne passeront pas aux armes camarades<br />
Puis l'ouragan reprend et tous dressés debout<br />
<br />
Nous clamons forcenés un air de nos voix fauves<br />
Tels de grands bûcherons rougis par les éclairs<br />
Feu à répétition les lâches ils se sauvent<br />
Une odeur de sang chaud et de poudre est dans l'air<br />
<br />
Je me suis retourné il venait du renfort<br />
Brandissant leur fusilet chantant comme nous<br />
Nous nous sommes comptés, il y avait des morts<br />
Et notre chant s'est tu. O calme du ciel d'août<br />
<br />
Nous avons dit c'est fou aujourd'hui d'espérer<br />
Voici le dernier jour que nous aurons à vivre<br />
La vie est un roman refermons en le livre<br />
Calmes et maintenant nous voudrions pleurer<br />
<br />
Lorsque l'on fait tout bas ses adieux au passé<br />
Qu'au fond de notre coeur le rêve s'est éteint<br />
Que les noms les plus chers en nous sont effacés<br />
Qu'importe de mourir puisque c'est le destin<br />
<br />
Un délire de joie monte nos yeux sont ivres<br />
Le sang de nouveau coule en nos torses et bat<br />
Dans nos fronts on connaît l'âpre douceur de vivre<br />
Pour avoir la mort en voisin de combat.Pierre Moinehttp://www.blogger.com/profile/16617325774108368096noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3634101069880174567.post-19615903993454630582009-03-28T06:44:00.000-07:002009-05-07T06:55:40.991-07:00Avant l'assautLe ooeur, montre qui se détraque<br />En nous cesse de palpiter<br />C'est l'heure où l'on attaque<br />Et les instants nous sont comptés<br /><br />Les minutes coulent mortelles<br />Comme le sang noir des blessés<br />Tristes où nous emportent elles<br />Loin du bonheur des jours passés<br /><br />Loin du bonheur et vers la tombe<br />Il nous semble que nous allons<br />Dans le soir gris où la nuit tombe<br />...Une heure encore le temps est long<br /><br />On a distribué des cartouches<br />Des grenades et des pétards<br />La nuit c'est l'heure où l'on se couche<br />Mais où dormirons nous plus tard<br /><br />Tout l'avenir qu'on a rêvé<br />Va-t-il s'écrouler fracassé<br />Serons nous les morts les blessés<br />Que des bras viennent relever<br /><br />Serons nous dans la plaine nue<br />Ou sur les lèvres d'un cratère<br />Cadavre gris pâle et menu<br />Qui se confond avec la terre<br /><br />Serons nous restés les derniers<br />Désemparés entre leurs mains<br />Partirons nous sur les chemins<br />La tête basse, prisonniers<br /><br />Ou peut-être l'orgueil au coeur<br />Poussant devant nous leurs troupeaux<br />Tendant les bras comme un drapeau<br />Reviendrons nous un soir vainqueurs<br /><br />A quoi sert donc de rêver<br />D'attendre le coeur angoissé<br />Vers le destin, rideau baissé,<br />Que nul n'a jamais soulevé<br /><br />Nous serons ce que l'on voudra<br />Des vainqueurs ou bien des martyrs<br />Tristes mais tous prêts à partir<br />Quand l'heure de l'attaque viendra.Pierre Moinehttp://www.blogger.com/profile/16617325774108368096noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3634101069880174567.post-24834207052685080482009-03-27T06:56:00.000-07:002009-05-21T10:20:40.468-07:00Le soir tombePaix et silence! L'on dirait qu'au fond du soir il bat<br />Comme un grand cœur meurtri qui sanglote et qui pleure<br />Entendez: un dernier coup de fusil, c'est l'heure<br />Où dans l'obscurité s'achève le combat<br /><br />Et lui s'est endormi ou bien est mort, là-bas!<br />Tant il semble qu'on dorme à l'instant où l'on meurt<br />Mais il ne reste plus de lui, il ne demeure<br />Qu'un geste qu'un dernier, O passants parlez bas.<br /><br />Dans l'agonie du jour un blême rayon tombe<br />Arrêtez vous un peu regardez ils sont morts<br />Sans un baiser sans un regret sans une tombe<br /><br />Pauvres soldats, pauvres enfants aux rêves d'or.<br />Et que leur mère attend sur le seuil de la porte<br />Ils sont morts et quelqu'un les prend et les emportePierre Moinehttp://www.blogger.com/profile/16617325774108368096noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3634101069880174567.post-12819045950792496342009-03-26T07:47:00.000-07:002009-05-29T07:55:32.555-07:00EpitapheO soldats! nous n'aurons hélas pas une pierre<br />Pour y graver vos noms à jamais inconnus<br />Et nul n'aura posé sur votre beau front nu<br />Ce baiser que l'on met pour clore les paupières<br /><br />O pauvres corps jetés sans linceuls à la terre<br />Ce long baiser d'adieu suprême et sanglotant<br />Ce baiser, le dernier, ce baiser là vos mères<br />Ne le donneront pas hélas en vous quittant<br /><br />Nulle main ne viendra jeter de fleurs sur vous<br />Rien que le vent qui souffle et la neige qui tombe<br />Nul être ne viendra pour s'y mettre à genoux<br />Et c'est un coin de champ qui sera votre tombePierre Moinehttp://www.blogger.com/profile/16617325774108368096noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3634101069880174567.post-37539040468371244262009-03-25T06:14:00.000-07:002009-06-04T06:27:11.479-07:00Dernier adieuLes mourants lentement achèvent de mourir<br />Dans la nuit. et penchés haletants, éperdus!<br />Sur leur souffle suprême et qui n'est qu'un soupir<br />Nous leur avons parlé,ils n'ont pas répondu<br /><br />Et tournant à demi leurs grands yeux angoissés<br />Ils nous ont regardé sans paraître comprendre<br />Et d'un dernier geste à la fois grave et tendre<br />Nous avons pris leurs doigts et les avons pressés<br /><br />Ce fut le seul adieu qu'ils eurent sur la terre<br />Comme un dernier baiser qu'on met au front des morts<br />Et nous ne pouvions rien que songer et nous taire<br /><br />Nous qui demain peut être aurons le même sort<br />Et debout auprès d'eux nous sommes demeurés<br />Sans un seul mot pensifs et nous avons pleuré.Pierre Moinehttp://www.blogger.com/profile/16617325774108368096noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3634101069880174567.post-10955641056973906832009-03-24T06:28:00.000-07:002009-06-04T06:35:11.437-07:00HérosIl est des morts si grands qu'on s'incline près d'eux<br />Et qu'on n'oserait pas les regarder en face<br />Leurs suprêmes sommeils ne semblent pas hideux<br />Ils dorment et qu'importe un vain nom qui s'efface<br /><br />Il est des morts si grands qu'il faut qu'on les salue<br />Et qu'on baisse le front devant tous leurs tombeaux<br />Leur mort ils l'ont choisie et l'ont presque voulue<br />Ils sont tombés un jour. Ils sont grands ils sont beaux<br /><br />O soldat qui partait et n'est pas revenu<br />Toi qui reste sans nom sans tombe dans la foule<br />Anonyme, de ceux qui sont morts inconnus<br /><br />Peut être que sur toi riront les amoureux<br />On ne saura pas même un jour que l'on te foule<br />Il est des morts très grands, et tu seras près d'eux.Pierre Moinehttp://www.blogger.com/profile/16617325774108368096noreply@blogger.com0