Poèmes pacifistes

Discours pour l'A.R.A.C.

Salut à Vous, Tous ! Ceux qu'hélas on oublie
A Vous l'an quatorze ! les vieux chevronnés...
A Vous ! nos fils, à qui nous avions tout donné,
Pour que la guerre soit à jamais abolie...

Dans la boue de l'Yser, les ravins de la Somme,
Les plaines de la Marne, et l'enfer de Verdun,
Nous avions juré tous, il en suffisait d'un
Que leurs enfants, demain, seraient enfin des hommes

Vêtus de peaux de bique, et sanglés de pétards
Nous les Démons vivants, sortis de l'Hécatombe
Nous avons tous promis aux cadavres sans tombe
de les venger demain !

Nous avons tous rêvé "Unie et fraternelle"
La République Humaine et les Peuples amis
Où la Paix - sans Drapeaux nou couvrirait de l'Aile
Comme on l'avait promis...

Déchargeant nos fusils, déposant notre sac,
Mettant tous nos espoirs, nos rêves en commun
Nous les anciens  "du Front" un pour tous tous pour un
Au geste de Barbusse, avons rejoint l'A.R.A.C.

Aujourd'hui de ceux là, il n'en reste plus guère
Vous pouvez en compter les derniers survivants
En savez vous les noms ? Y pensez vous souvent ?
Ils ont tout fait, mais ils n'ont pas vaincu la guerre

Soldats de l'an quarante - vendus par les Pétain
Résistants, déportés (armée sombre et farouche)
Qui n'aviez qu'un seul mot, un seul cri dans la bouche
Liberté ! Feu vivant. Quand tout espoir s'éteint

Combien de vous sont morts, Hélas ! pour le Pays
Contre le "Capital" sans Patrie qui se vautre
Contre ces profiteurs, qui, toujours, ont trahi
Que l'effort des anciens, s'unisse avec le vôtre

En ce dernier combat
Pour qu'il n'en soit...
Plus jamais d'Autre

21 ans après. Le 11 novembre 1939



Vingt et un ans ce jour ont passé sur le monde
Depuis que le clairon de l'armistice, aux vents,
Jetait sa note, espoir d'une moisson féconde
Beau grain qui germera dans le cœur des vivants

Une ivresse sans nom coulait en source vive
Inondant tous les cœurs de son flot déferlant
La paix, la belle paix, la paix définitive
Soulevait l'univers d'un magnifique élan

Et voici qu'aujourd'hui n'est plus un jour de fête
Le grain n'a pas germé sur le pas du semeur
Ah! fous! quelle est la paix que vous nous avez faite
Où les pères sont morts, l'enfant vient, tombe et meurt

Vingt et un ans passés sans qu'on s'en aperçu
Dans le sombre matin plus de clairon ne sonne
Sur ces soldats glacés là-bas le canon tonne
C'est encore la guerre. Ah si nous avions su.

 

 

16 novembre 1939



Nous soldats de quatorze, avons pourtant nos droits
Et nous pouvons frapper notre poingt sur la table
Lorsque vous parlez tous de justice équitable
Vous tas de profiteurs, de ministres, de rois!

Les millions de morts dont la terre est pétrie
C'est vous qui en étiez les monstrueux semeurs
Vous avez baptisé le sol du nom Patrie
et c'est pour un seul mot que tout un peuple meurt

De tant de jeune sang, le sacrifice est vain
Et celui là couché, victime expiatoire
Sur un sommet de crête en un creux de ravin
N'aura gagné pourtant qu'une ombre de victoire

Car voici! de nouveau, sonne l'appel des armes.
La femme qui pleurait sur un mari perdu
Vous donnera son fils sans verser plus de larmes
Vos peuples, une fois encore, ont répondu.

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