Enregistrements audio

Enregistrements audio: La voix de Pierre Ménétrier lisant ses vers dans les années 60


A Madame Marthe Ménétrier

Voici des vers ! Bons ou mauvais
Pardonne moi si je les aime
C’est qu’ils sont un peu de moi même
Que je laisse quand je m’en vais

Et je m’en vais bien loin … là bas
D’où l’on peut ne pas revenir
J’écris ces vers et mon cœur bat
Garde les comme un Souvenir




Tryptique d'Otto Dix: La Guerre


Les astres veillent

O tristesse des soirs de Guerre et de Carnage
La mort comme un bruit d’aile immense est dans le vent
Et l’on entend pleurer de souffrance et de rage
Tous les vaincus tous les blessés tous les mourants

O tristesse des soirs, le canon tout à l’heure
Moissonnait dans nos rangs comme un faucheur penché
Maintenant que les morts à jamais sont couchés
Tout se tait … et plus rien que cette voix qui  pleure

Et plus rien O tristesse … une chaude nuit d’août
La brise a des parfums l’azur est criblé d’or
Le soir en s’endormant est beau et calme et doux

Et sur les champs coupés tous les astres funèbres
Montant du ciel nocturne et du fond des ténèbres
S’allument tour à tout pour veiller sur les morts



Nicolaes van Veerendael: Vanitas
 
Nous n'irons plus

Nous n'irons plus aux bois, c'est la chanson morose
Que fredonne l'hiver, douce et triste à la fois
C'est fini c'est fini nous n'irons plus aux bois
Les lauriers sont coupés et sont mortes les roses

Aux jardins plus de fleurs adieu vendanges faites
Des maraudeurs obscurs dans la nuit sont passés
Secouant dans le verger les pommes de leurs faïtes
La Belle que voilà les a tous ramassées.

Une ronde d'enfants tourne vire et chantonne
Et dans le fond des parcs étrangement glacés
Un vent noir fait danser les feuilles de l'automne
Nous n'irons plus au bois les lauriers sont coupés

Le vieillard qui s'assied sur le bord de la route
Songe que sur ses jours sans qu'il puisse échapper
Descend l'ombre et le froid; la mort est à l'écoute
Déjà proche le temps des lauriers à couper

Il n'est plus de vieillard au revers des allées
Il n'est plus de chanson qu'on écoute en rêvant
Les enfants sont partis les feuilles envolées
L'hiver, comme la mort sous la plainte du vent


Van Gogh: La maison de la Crau

Notre maison

Notre maison était aux portes du village
Celle que l'on voyait en venant par les routes
La plus  haute et la plus belle par dessus toutes
Ainsi qu'elle est au fond de mon rêve un mirage

Telle je la revois en refermant les yeux
Pourquoi donc aujourd'hui rodes tu souvenir
Si loin, si passé que tu semblais ternir
Ainsi qu'un vieux portrait dans un livre très vieux

Je jouais dans la cour qui lors n'est plus la mienne
Avec deux chiens korthal, hirsutes poils touffus
Mais sous le sourcil, un bon regard confus
Un doux regard humain, amis d'une heure ancienne

J'ai couru avec vous sans but par les chemins
Et par les prés fauchés et les moissons en gerbe
Et si je m'asseyais, vous, allongés dans l'herbe
Vous posiez votre nez humide sur mes mains

Les ans sont écoulés, sous un autre horizon
L'enfant d'hier est vieux et les griffons sont morts
Je les ai regrettés peut-être et depuis lors
Je n'ai jamais voulu de chiens dans la maison



Le forgeron

Le forgeron bras nus au fond de son enfer
Près du foyer que brûle, entouré d'étincelles
Et glissant par instant sur son front qui ruisselle
Ses larges doigts noueux saisit le bloc de fer

Il le jette à la forge et le souffle qui gronde
Le charbon qui  s'éclate et jaillit au plafond
Font de cet homme obscur et simple un noir démon
Vulcain, dieu de la terre et façonneur d'un monde

Et ton fer sur l'enclume, Ouvrier, d'un effort
Tu lèves le marteau et tu frappes et tu frappes
Tu le tourne en ta pince et tu frappes encor
Et le feu par milliers de fusées s'échappe

Tu feras de ta force et du fer les outils
Le soc de la charrue ou le cœur des machines
Tu feras le portail des ponts et les bâtis
De la cage pour ceux qui descendent aux mines

O travailleur caché tu forges impérissable
L’œuvre de l'avenir et de l'humanité
Et ce soir simplement tu te mettras à table
Auprès de tes enfants, dans leur intimité.


Le cimetière

Le cimetière est vieux à l'entour de l'Eglise
L'herbe folle grandit sur le mort oublié
Le nom s'est effacé dessus la dalle grise
Et personne depuis longtemps n'y a prié

Ceux là qui derrière eux n'ont pas laissé de trace
Tous ceux là qui sont morts au fond du souvenir
Qui dans les cœurs vivants n'ont gardé nulle place
La nature en ses bras semble les retenir

Et du fond de leur nuit exilés sans retour
Ils n'ont plus ici bas, personne qui les aime
La main ne viendra plus poser le chrysanthème
Car les fils ont vécu et sont morts à leur tour

Comme un caillou jeté aux miroirs d'un étang
En crève la surface et s'élargit en ride
Ainsi nous troublerons le monde en le quittant
Et celui-ci pourtant n'en sera pas plus vide

Amours rires l'heure est si douce
Mais rien n'aura gardé l'écho de nos chansons
Sous l’œil indifférent des hommes nous passons
Le nom s'efface et l'herbe pousse






Vostok 4

Salut salut à vous oiseaux de l'Infini 
Qui nous avez tracé la route vers la Lune
Vous les premiers Humains envolés hors du Nid
Sur la voie des rêveurs que la Nuit importune

... Songes déçus auxquels ne croyait plus personne
La cloche d'un espoir nouveau s'ébranle et sonne

Camarades Salut nous vous tendons les mains
Salut Nicolaïev Popovitch Cosmonautes
Vous brisez les barreaux qui masquaient les chemins
Aux murs de la prison dont nous étions les hôtes

Vous les premiers des êtres naviguants
Portés par votre foi
Sous vos ogives fulgurantes
Parmi les poussières errantes
Dans le tourbillon noir d'éternels ouragans

Comme ceux d'autrefois

Bercés au rythme lent des Rames sur les eaux
Loin des étangs d'Egypte et des tremblants Roseaux
Puis au grand vent du large engouffré sous leurs voiles
Qu'ils aient nom Colombus Vespucci  Magellan
Les vieux navigateurs voguaient sous les étoiles

Mais vous d'un seul élan
d'un immense coup d'ailes
Vous êtes parmi Elles

Contemplant l'avenir de l'homme face à face
Quand vous avez plongé aux gouffres du mystère
Avec autour de vous les cieux larges ouverts
Et sous vos pieds sans poids votre lointaine Terre

 Vous nous avez conquis le nouvel Univers

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